Quelles sont les profils et opportunités pour travailler dans les métiers de l'IA ?

Les candidats justifiant de compétences pointues et spécialisées dans les diverses branches de l’IA jouissent d’une pléthore de perspectives d’évolutions, et peuvent même se voir offrir des salaires très confortables dès le début de leur carrière. Mais quels sont les profils recherchés et les différentes manières d'accéder aux opportunités ?

Quels secteurs pour quels métiers dans l’IA ?

Que vous soyez un jeune étudiant ayant une appétence pour les sciences, ou au contraire un candidat qui souhaite travailler dans l’IA sans avoir  de compétences en lien avec cette discipline, des opportunités existent. Certains domaines à l'image de l'intelligence artificielle ne connaissent pas les crises de recrutement. De très nombreux postes, avec à la clé des missions variées, trouvent preneur. 

Selon une analyse menée par Sacha Kalusevic, directeur senior de Michael Page Technology et auteur de l’étude « Les humains derrière l’intelligence artificielle », la pénurie des talents de l’IA est aussi forte que l’est la demande. Dans son livre blanc, il évoque notamment les dix postes clés de la Data et de l’IA, ainsi que l’adoption de cette dernière par les entreprises d’ici 2025. 

Bien évidemment l'essor que connaît le domaine depuis fin 2022 et le succès des IA génératives ont également ouvert la porte à une plus grande adoption de l'IA pour des tâches de rédaction, marketing, commercial ou encore d'illustration. Cela implique également que de nouveaux métiers, notamment en lien avec la recherche de prompts, commencent à être recherchés par des entreprises qui se penchent davantage vers les solutions IA pour répondre à certains de leurs besoins.

Concernant les rémunérations dans l’IA, d’après l’expérience de terrain de plusieurs professionnels, il existe un écart véritablement conséquent entre la France et les États-Unis. La faute, pour certains d’entre eux, à de faibles investissements de la part des sociétés de l’hexagone. Selon Karl Rigal, directeur marketing de Stedy, spécialisé en conseils en ingénierie, c’est la rareté des profils qui fait grimper les salaires de manière aussi démesurée. 

La France, un acteur de l’IA en retard

L’écart de rémunération outre-Atlantique est un handicap pour l’industrie tricolore, et afin de faire face à la menace américaine, mais également chinoise, anglaise ou encore israélienne, la France doit trouver de nouveaux arguments pour retenir ses employés, en améliorant, par exemple, leur cadre de vie. 

Néanmoins, cela risque d’être insuffisant pour convaincre de jeunes diplômés BAC+5 voire BAC+8 qui sont l’avenir de l’intelligence artificielle et de ses domaines périphériques : machine learning, deep learning, traitement big data, ou encore robotique. À l’échelle nationale, et ce même en région parisienne, un salaire espéré sur cinq ans est quasiment similaire à une rémunération de premier poste aux États-Unis

Pour d’autres acteurs du secteur, tels que Aïssa Khelifa, directeur général de Milvue, les talents nationaux préfèrent l’étranger, tout d'abord car les employeurs français sont peu nombreux, et parce que les startups en croissance de la Silicon Valley lèvent beaucoup plus de fonds que nos équivalents tricolores. 

Quelles missions pour les métiers de l’IA ?

Les besoins en intelligence artificielle se font de plus en plus précis dans les entreprises. Actuellement, ce sont des tâches comme le Natural Language Processing (NLP), l’automatisation de travaux, ou encore le traitement du big data qui représentent la majorité des problématiques.

Michael Page, un cabinet de conseil en recrutement de cadres, mettait ainsi en avant dix métiers sous tension avec des impératifs forts en compétences scientifiques. Dans cette liste figurent notamment des professions « classiques » de l’intelligence artificielle, telles que data analyst, ingénieur data, data scientist. Il y a également des spécialisations plus « rares » qui impliquent de nouveaux postes que les recruteurs vont s’empresser de pourvoir afin de répondre à leurs besoins. Nous pensons en particulier à la fonction d’ingénieur machine learning, d’ingénieur dataops ou encore celui de programmateur linguistique. 

Mais les profils non scientifiques sont également les bienvenus dans les écoles, à l’image de l’institut Mines-Telecom Business School, qui propose notamment des alternances afin de se former aux métiers de consultant IA, responsable marketing en IA, ou dans des missions de business development. D’après Romuald Gallet, directeur Executive Education de l’école, ce type de profil doit être amené à démocratiser les bienfaits et les atouts de l’intelligence artificielle dans les entreprises. Ce sont des agents de liaison qui sont capables de traiter des volumes de données massifs pour le compte de leurs employeurs. 

Des opportunités et des parcours divers 

Ainsi, l’univers IA permet de saisir des opportunités pour celles et ceux qui sont prêts à des études longues. Se former aujourd’hui aux enjeux, techniques et à l’approche centrée sur l’intelligence artificielle, c’est se garantir d’être convoité par les plus grandes entreprises de ce monde. Cependant, avant d’imaginer décrocher un poste chez des mastodontes américains, Google, Amazon et Meta en tête, il faut possiblement démarrer sa carrière dans des structures moins réputées. 

Selon certains professionnels interrogés, il serait également intéressant de faire ses preuves dans la fonction publique avant de s’engager auprès de grandes compagnies. Cela permet notamment d’acquérir une solide expérience, avant de rejoindre un environnement étranger, avec à la clé une meilleure considération salariale et de nombreuses perspectives d’évolution. Une autre possibilité est d’intégrer des structures dont le coeur de métier n’est pas l’IA, mais qui doivent l’utiliser pour améliorer leurs process. On pense ici notamment à de groupes industriels : IBM, Thales, Air France, Renault ou encore Dassault par exemple. Cependant, des postes sont également à pourvoir dans des secteurs comme la banque et l’assurance, mais aussi dans des cabinets de conseils tournés vers l’international. L'IA étant applicable à de nombreux domaines, il est logique que des entreprises de tout type de secteurs s'y intéressent également et cherchent à recruter. La compétence métier peut alors faire la différence entre les profils.

Des profils en reconversion pour faire face à la pénurie

Malgré que la voie des études soit la plus utilisée pour accéder à des métiers en lien avec l’IA, des possibilités sont offertes à des personnes en reconversion. En effet, pour contrer la pénurie de talents, des profils « atypiques » deviennent admissibles dans tout type d’entreprises. Par exemple, Ons Jelassi, responsable pédagogique du mastère spécialisé en IA de Télécom Paris, ouvre sa formation aux apprenants ayant réussi un Mooc de remise à niveau sur les fondamentaux des big data.

Pour illustrer un cas de reconversion accompli, nous prendrons le parcours de Denis Gallic, ancien professeur de mathématique et d’informatique en lycée. Ce dernier s’est formé à l’institut des Mines Telecom Business School, pour un coût de 11 000€. Après six mois de cursus suivi à distance, il aura accès à des fonctions non techniques en lien avec son nouveau domaine professionnel. Ses missions tourneront autour de l’accompagnement des entreprises dans l’amélioration de leur productivité grâce aux outils d’intelligence artificielle. 

L'IA, un domaine fort pour l'emploi

Les domaines en lien avec l’intelligence artificielle sont pourvoyeurs d’emplois, et cette dynamique ne devrait pas trouver de période d’arrêt dans les prochaines années. Les besoins de spécialistes dans ce secteur ne font que grandir, et la pénurie de talents va prendre beaucoup de temps à se résorber. 

Les jeunes diplômés auront une pléthore de possibilités, pour soutenir la France et son industrie. Ou ils pourront choisir de partir à l’étranger, avec des salaires à la hausse et des évolutions de carrière plus concrètes. Mais bien que la concurrence dans ce domaine reste très élevée, la formation se développe peu à peu. Outre les écoles d’ingénieurs qui proposent des parcours en initial ou en alternance, les voies de reconversion n’ont jamais été aussi nombreuses. Et pour combler la demande, l’offre va continuer de s’étendre inexorablement.